“Ah bon ?” Son étonnement répondit à ma sentence sans appel qui programmait une sortie commune pour le lendemain. Même parcours que la semaine précédente, composé de quelques petites ascensions qui heureusement basculent vers de belles portions descendantes, elles-mêmes introduisant de prochains dénivelés positifs... 8:32:27, nous partons “à la fraîche” comme le confirme le 22°C digital affiché sur mon compteur.
Cinq cents petits mètres de mise en jambe et déjà débutent les cinq premiers kilomètres ascensionnels. Les 2% puis 3% ne durent que peu alors que déjà le cardio accélère sa cadence pour passer les 7,8,9% qui sont notre lot pour quelques kilomètres…
Arrivés au premier panneau “stop” du circuit, je me fais reprendre de volée avec un “tu étais où ?” laissant envisager que non seulement j’étais derrière mais que j’ai, semble-t’il, mis un peu de temps pour la rejoindre en mode “pas qu'ça à fout'”. Je lui fais humblement remarquer que je suis en mode “cycliste/reporter du tour“ et qu’en conséquence, je m’occupe aussi des photos… Quelques tours dans les jambes seulement et dame Petiplata semble déjà avoir pris la confiance.
Nous poursuivons notre route. La descente qui s’annonce n’étant pas (encore) son domaine de prédilection, j’en profite pour remettre les pendules de la hiérarchie à l’heure (non mais “Kissé l’patron ?”). La chaleur monte vite et la traversée de Fuveau sous les platanes feuillus nous apparaît comme une oasis de fraîcheur. Mes yeux se portent sur une enseigne dont le nom s’adapte parfaitement au voyage à vélo : “le temps d’un présent“. Oui, on peut être fort de la guibole et ne pas en oublier pour autant de rester poète.
Le ruban de bitume déroule ses bandes pointillées tandis que les cigales nous accompagnent de leurs encouragements sonores. Quelques passages sont si intenses qu’il faut oublier jusqu’à l’idée de tout échange verbal : tais-toi et écoute… de toutes façons, tu n’as pas le choix. Par touches inattendues, les effluves de la pinède nous confirment que nous sommes bien en été. La jambe se fait légère tandis que la narine est pleinement sollicitée.
“Tu te souviens, la semaine dernière, nous avons choisi une direction pour rejoindre Puyloubier, je voudrais découvrir l’autre”. Je valide cette invitation en mettant en garde l’athlète aux élans de superwoman que cette découverte va être… pentue. Elle persiste. J’ai peur de cette diablesse en jersey siglé Rapha. Nous empruntons la voie qui nos mènera au village de destination. Plus de six kilomètres durant, nous grimpons doucement, le D+ est festif. Les prochains 1000 mètres ne seront pas de cette humeur : 3,5,8,4,7% avant de basculer pour une pause fraîcheur bien méritée au lavoir de Puyloubier, rendez-vous incontournable des deux-roues
Après une vingtaine de minutes à profiter de ce moment suspendu, je rappelle Petiplata à ses obligations véloesques. Nous enfourchons nos montures et quittons le second oasis qui nous a accueilli. Je lui remémore la suite du parcours, les montées, les descentes… je ne suis pas certain qu’elle m’écoute vraiment : les efforts développés pour franchir le “mur“ précédent semblent avoir puisé dans ses réserves d’énergie. Son “elle pique celle-là” pour commenter l’ascension ( qui n’avait l’objet d’aucun commentaire la semaine dernière ) me le confirme.
Plus qu’une grosse quinzaine de kilomètres et nous aurons rejoint le camp de base. Petiplata s’est accrochée, a renoncé à la voiture que je lui proposais d’aller chercher. “J’ai fini au mental“ m’a-t’elle confié un verre de Coca récupérateur à la main. J’ai vu et je dis bravo.