En ce mois de septembre qui prémice un automne qui viendra peut-être, les chaleurs sont toujours celles d’un été qui ne veut pas encore céder sa place.
5 heures du matin. Le téléphone sonne son alarme de réveil programmée la veille. Le temps de sortir de la nuit, de café, d’habit de lumière, de charger le vélo dans la voiture pour rejoindre Marseille, je me retrouve assis dans le wagon du TER qui me conduit sur Arles. Le vélo, suspendu à son crochet, attend son tour.
Vitrolles, Miramas. Le chef de train annonce maintenant : “Arles, prochain arrêt”. Ce point d’arrêt est pour moi un point de départ pour un périple ARL/SLN (pour Salon-de-Provence). Immédiatement sorti de l’agglomération, l’eau court tout autour de moi. Les infrastructures qui permettent l’irrigation des zones cultivables composent un maillage dense, tantôt apparent, tantôt sous-terrain, un labyrinthe aux dimensions variables qui chante son air aquatique.
Il m’arrive parfois de sortir de la trace que j’ai dessiné. Lors de ce tour, j’ai totalement dévié de ma ligne rouge qu’imposait de suivre mon compteur GPS. Je me suis laissé embarqué par les paysages des Alpilles, devant un perdu volontaire : les oliveraies, la roche, le soleil et le chant de l’eau pour compagnons de route.
Après quelques trois quarts d’heure passés au soleil, je m’abrite à l’ombre d’un platane, pose le vélo à terre et mes fesses sur les marches d’un calvaire perdu au milieu de nulle part. Je porte la gourde à mes lèvres quand s’arrête une voiture de laquelle descend un homme pressé. Il se dirige vers moi : “vous savez si c’est un ancien calvaire ?” J’ai failli lui répondre que non mon calvaire n’avait débuté que depuis ce matin mais me contentais d’un : “j’avoue ne pas savoir, j’ai privilégie l’ombre à la symbolique”. Et lui, dans un verbe à la tonalité déçue de préciser : “je m’intéresse à la force tellurique des calvaires”.
La force tellurique des calvaires. Voilà qui me laissa sans voix. Et alors qu’il reprenait sa route et moi ma prochaine gorgée, je me dis aussi dubitatif qu’admiratif qu’il existe des gens qui ont des passions… de niche !
Je reprends ma route pour profiter quelques kilomètres plus loin d’une vraie pause à la terrasse d’un café (Soler) place de l’horloge à Aureille. Un Perrier pour le sel minéral et un coca pour la récompense. Je fais un point “parcours” et constate que j’ai en effet bien dévié de ma trace. Pas grave, j’ai dans mes besaces mémorielle et photographique quelques belles prises.
Je reprends ma route pour Eyguières puis arrive enfin à Salon-de-Provence… Promis, la prochaine fois, je serai plus rigoureux dans le suivi des étapes que j’avais envisagées en dessinant ce tour, ou pas !